AALTO, UNE JEUNESSE FINLANDAISE

 

Fondée en 2014 par Tuomas Merikoski, Aalto, qui signifie vague en Finlandais emporte tout sur son passage. Tsunami venu du grand Nord, convoque l’imagination et l’engagement, s’il ne fallait dire qu’une chose sur cette marque, c’est d’avoir su retenir la singularité d’une jeunesse grunge finlandaise en la mélangeant à l’universalité de notre siècle. Insufflant, toujours, une forme de poésie brute que nos contrées latines ne connaissent pas, ni dans l’âme, ni dans le vêtement.

Un Finlandais à Paris, c’est chose rare. Un Finlandais épris de mode, ça l’est encore plus. Agé de 21 ans, Tuomas Merikoski arrive à Paris en recherche d’expression. A Tampere, sa ville natale, il fréquentait plutôt le milieu de la musique et des DJ. En recherche d’une voie propre, il se refuse à étudier le design comme la plupart des jeunes de son entourage et débute des études de stylisme dans un pays qui n’a certes pas « de tradition de Haute Couture mais, assure t-il, des réserves insoupçonnées de folie et d’excès. » Il y a quelque chose de naïf et de primitif au sens noble, qu’il sent déjà trembler dans sa volonté de vêtements. « Etre Finlandais ce n’est pas juste ce côté léger et coloré mais une forme d’énergie brute. Un mélange positif et mélancolique. C’est cette nuance là qui nous différencie des autres. Je voulais donc exprimer un style et un lifestyle, pas me contenter de faire quelques robes pour la famille, comme la plupart des filles de mon école de mode. » Tout s’embraye à Paris et, quelques années plus tard, le voilà designer chez Givenchy et Louis Vuitton. Pas d’emphase. Clair et net comme un paysage lapon, Tuomas Merikoski revient sur Aalto international.

 Quelles sont vos références ? Très contemporaines ! Muccia Prada, Helmut Lang, Alaïa, mais aussi des marques plus sport comme Patagonia ou Barbour.

Quelle est votre signature ? Un « A » graphique qui rappelle le tipi du peuple Sami.

Comment définiriez vous votre identité et vos valeurs ? le mélange de 2 ADN, le savoir-faire international et mes origines finlandaises, encore sous exploitées dans mes collections. Etre finlandais, ce n’est pas seulement être moderne et aimer la nature, mais une façon d’approcher la vie. C’est un mélange de contrastes que je ne souhaite pas fusionner mais dont je cherche à extraire la complémentarité. Et aussi la modernité, avec par exemple l’aspect environnemental.

Quelle est la pièce phare représentative de ce contraste : le denim oversize avec des plis. Brut, casual, mais assez élégant.

Quelle est votre force créative ? Nous sommes une marque qui a beaucoup de profondeur. Qui véhicule à la fois un idéal libéral et démocratique, une forme de modernité respectueuse de l’environnement. Bref, Aalto fait aussi de la mode pour refléter la société et son actualité.

Il y a quelque chose de très japonais chez Aalto qu’en pensez vous ? : C’est exact, il existe une certaine influence dans notre façon de communiquer, dans la discrétion, l’efficacité, la proximité à la nature, les couleurs… 

Que racontent les vêtements du défilé PE 2017, notamment la collection capsule Aalto x Moomins ? La collection s’intitule « Uusi Fantasia », « nouvelle fantaisie ». Contrastée, riche et colorée, elle défend l’idée d’embrasser la diversité, une richesse qu’il faut cultiver. Elle contient beaucoup de références à la Finlande avec la BD des 80’s des Moomins, imaginée par Tove Jansson, une femme libérale et activiste des années 50.

Pour approfondir, nous avons créé une collection capsule d’une douzaine de pièces : une sélection de pièces vintage iconiques de la jeunesse finlandaise (perfecto, veste en jean, pull, nuisette…) customisées de façon artisanale avec des broderies, des cristaux Swarovski, des teintures, etc dans un atelier spécial. Des pièces uniques façon couture, imprégnées des motifs et des personnages de la BD.

Qu’est ce qu’un bon styliste à vos yeux, sur le plan économique et artistique ?

Je pense qu’un bon designer doit rester libre et créatif sans oublier le principe de réalité, car ses produits doivent être fonctionnels et utiles. Exprimer ses idées, rester libre d’esprit, en phase avec la société et garder de l’humilité. Je crois que la nouvelle génération y arrive.

Quelles sont vos contraintes et quels sont vos objectifs ? Aujourd’hui il faut être agile : je suis soutenu par des investisseurs et bien sûr je suis un business plan. Nous avons beaucoup d’objectifs artistiques et aussi des objectifs de croissance. Actuellement nous disposons de 75 points de vente dans le monde (dont le Bon Marché et le Printemps à Paris). Nous sommes en expansion rapide et à terme, il y aurait l’idée d’une boutique. Pour l’heure, j’ai envie de grandir encore un peu, d’établir quelque chose de plus solide. Un bon businessman a conscience que l’objectif n’est pas le seul argent, mais la construction d’une histoire.

Quelle est l’inspiration de votre prochaine collection ?

Développer une vision du futur, avec toujours, l’idée du recyclage, tout en renforçant le côté intemporel et l’élégance de notre style.

Pouvez-vous nous parler de vos futurs projets et collaborations ?

Nous avons édité les photos de Jouko Lehtola après sa mort. C’est le Larry Clark Finlandais qui a capturé les portraits, attitudes et looks de la jeunesse finlandaise des années 90 qui est exactement notre socle d’inspiration. Nous avons aussi un projet artistique en cours avec le compositeur et chef d’orchestre Esa-Pekka Salonen !     
 

Crédits accessoires / Chaise Conran Shop / I Phone.

  • Interview / Judith Spinoza
  • Vidéo / Art design / Akaibu Studio / Alexandre Silberstein
  • Style / Christine Lerche
  • Casting Director / Nathalie Tricot
  • Model / Nastya Cherkasova / Agency Marilyn Paris
  • Hair / Make up / Isis Moênne-Loccoz
  • Produced/ 1nstant.fr

 

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