La pureté du grain de peau nous assaille en taille poster. On n’est pas superficiel, mais à fleur de peau. C’est ce  que vous êtes sensé ressentir, nez à nez – ou plutôt nez à peau – avec les dernières images des maisons de mode, Saint Laurent (par Anthony Vaccarello) et Loewe en tête.

La nudité dans nos publicités, produit de l’ennui ou ennui du produit ? J’imagine une espèce de trop plein de pub, de vêtements, d’humeur qui finit par déborder et tomber hors champ.

Alors qu’on nous dit depuis des mois que la mode est morte, que la création n’est plus, qu’on est des machines à acheter des sweats logotés et underground, la mode se met à poil comme une starlette de télé-réalité en deuxième saison pour montrer qu’elle en est encore. Cette envie de se mettre à nu serait la réaction immunitaire de notre système créatif.

Mais pas que. Non, il faudrait plutôt voir tout ca comme une espèce de rite de passage. Comme un serpent, on change de peau (et ne ramassez pas nos mues pour en faire des sacs à main, merci) et la mode change d’ère. Exit la décadence absolue de ces collections hyper-décorées qu’on nous vend à grand renfort d’artisanat, de fait-main, de petites mains. Les barbares sont à nos portes et ils portent des sweat-shirts!

Et les avant-gardistes font de la peau un argument choc. Si Rei Kawakubo, la grande Pythie de la mode habille ses hommes de plastique transparent c’est pour mieux nous faire comprendre que sous tous nos faux-semblants, nous n’en restons pas moins des petites créatures de chair, de sang et d’émotion. En somme, la mode essaie de nous faire comprendre qu’on doit se regarder comme on est et pas comme on achète.

La peau, cette page non pas blanche riche de toute la couleur humaine.

 

  • Text / Lily Templeton
  • Produced / 1nstant.fr
NULL